Incroyable Noël 2014
La trêve de Noël en 1914
Après la déclaration de guerre, la progression des troupes allemandes et alliées en 1914 a été assez rapide et le front fut durement défendu des deux côtés, si bien que, dès novembre 1914, plus rien ne bougeait sur les champs de bataille. Les deux camps adverses se sont alors installés et enfoncés dans les tranchées, l’un face à l’autre, à quelques mètres de distance. Cette proximité fit que les soldats entendaient tout ce qui se passait dans le camp adverse : les ordres, les discussions, les moments de rire, les souffrances… si bien qu’avec le temps les bêtes à abattre prirent un visage humain, l’ennemi devint un ami inconnu, presque un confrère dans la même galère.
Lorsqu’arriva la nuit de Noël 1914, tous les cœurs étaient à l’unisson, tous ressentaient l’éloignement de la famille, mais aussi l’absence de la chaleur et de la joie de fêter ensemble la naissance du Sauveur avec ses proches. C’est en se rappelant le sens de cette fête que toutes les barrières tombèrent ; il n’y avait plus d’ennemis, d’Allemands, d’Anglais ni de Français, mais des hommes égaux, unis par la souffrance, subissant un conflit qui les dépassait et qui leur apparut alors terriblement absurde.
Les Allemands furent les premiers à avoir l’idée de fabriquer et d’éclairer de petits sapins de Noël tout simplement avec des bougies, qu’ils exposèrent sur le bord des tranchées, puis ils entonnèrent un chant de Noël auquel les Anglais et les Français répondirent par des applaudissements et inversement. Aux chants échangés succéda la fraternité par une rencontre et un échange de cadeaux sur le no man's land. C’est alors que la trêve de Noël fut conclue : 24 heures de paix jusqu’au 25 décembre à minuit, voire plus dans certains endroits.
Malheureusement, la guerre vint rapidement les rattraper et les amis d’un soir ou d’une journée durent à nouveau combattre les uns contre les autres. Un soldat écrivit : « On a voulu un instant oublier la guerre, mais la guerre ne nous oublia pas. »
Cet épisode, qui fut passé sous silence pendant des décennies, n’a pourtant pas été un cas isolé, puisque ce fait s’est déroulé sur les 2/3 du front, montrant combien le désir de paix était bien réel dans le cœur de tous ces hommes qui furent pourtant obligés de se combattre les uns contre les autres, et ce, dans l’unique but d’assouvir les ambitions d’une élite exaltée, ou bien pour tout simplement s’en défendre.
La fête de Noël nous rappelle, à nous aussi, la naissance du Fils unique de Dieu venu parmi nous pour nous offrir sa paix, son amour et jusqu’à sa propre vie.
Que Lui-même suscite dans nos cœurs le désir d’une véritable paix et nous encourage à l’y enraciner toujours plus, et même à semer cette paix et la faire germer dans nos familles, notre entourage, notre milieu professionnel, notre voisinage.
Un joyeux Noël à toutes et à tous et une bonne année !
Abbé Stéphane Décisier
PS 1 : Une lettre émouvante et transpirant la vérité, écrite par un soldat dans cette incroyable nuit de Noël 1914 est disponible en dessous de cette article.
PS 2 : Cet épisode de la trêve de Noël 1914 est magnifiquement raconté dans le film Joyeux Noël de Christian Carion en 2006, avec Guillaume Canet, Dany Boon et Diane Kruger
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