
Témoignage d'un jeune appelé par Dieu
Bonjour les jeunes !
On m’a demandé de vous écrire mon expérience de la vocation : je dois vous dire que je ne l’ai jamais fait par écrit et je n’aime pas trop parce que la lettre risque d’être toujours impersonnelle. Cependant je me dis que c’est la même chose avec une partition de musique : on l’impression que c’est toujours pareil mais dès qu’on la joue on sait distinguer qui la composée (si l’on connaît de musique bien-entendu). Donc, pas de souci, je me lance.
Je m’appelle Santiago, j’ai 28 ans ; je suis le 4e de cinq enfants et je viens du Paraguay (Amerique du Sud). Je suis au séminaire Redemptoris Mater à Namur depuis le mois de janvier 2004.
Je pense avoir eu une enfance normale, comme toutes les autres. Mes parents sont catholiques et ils ont essayé, dans la mesure du possible, de me transmettre la foi. Quand j’était enfant, je me rappelle que j’ai joué à faire la messe : j’aimais bien faire le mélange de grenadine avec de l’eau pour le sang du Christ et pour le Corps, j’ai employé des rondelles de bananes ou bien j’ai coupé du pain en forme d’hostie. Mon sacristain ou bien mon complice était mon petit frère.
Puis une fois devenu adolescent j’ai laissé tomber tout ça : je me disais que c’était peut-être comme les enfants qui veulent devenir astronautes et qui y jouent mais une fois qu’ils quittent l’enfance, ils posent davantage les pieds sur terre.
Pendant mon adolescence j’avais beaucoup des difficultés avec mon père ; je ne me sentais pas accepté. Lui était un grand sportif, et il espérait que tous ses enfants le deviennent aussi mais cela n’as pas été mon cas. Il m’a fait faire tous les genres de sports possibles et imaginables en espérant que je prenne le goût mais ça n’a pas marché. Donc, du coup, j’avais toujours ce complexe d’infériorité.
A l’âge de 14 ans, mes parents m’ont invité pour écouter des catéchèses pour approfondir la foi. Tous mes autres frères l’ont fait et du coup, je ne voulais pas rester comme la brebis noire et j'y suis allé, plutôt par osmose que par motivation personnelle. Et c’est comme ça que j’ai fait partie d’une communauté du Chemin Néocatecumenal.
C’est là que j'ai eu le coup de foudre, parce que sans me rendre compte et sans faire un effort de ma part, j’ai commencé à sentir que la Parole de Dieu me parlait à moi et qu’elle n'est pas de paroles vides. J’ai expérimenté que Dieu m’aimait pécheur comme j’étais et cela je l’expérimentais aussi à travers les personnes qui faisaient partie de mon groupe parce que je pouvais être moi-même et je ne me sentais pas jugés pour autant. Cette expérience a été pour moi libératrice : j’ai pu parler avec mon père et me réconcilier avec lui et je me suis rendu compte que beaucoup des jugements que j’avais à son égard n’étaient pas fondés et ils n’étaient que des idées que je m'étais faites.
Je vous le raconte ici de manière abrégée parce qu’évidemment toutes ces expériences ne se sont pas faites du jour au lendemain, mais ça a pris beaucoup des années, avec des moments des crises, des hauts et de bas et avec le recul du temps je vois comme Dieu a permis toutes ces expériences pour que je me connaisse mais surtout pour que je LE connaisse en profondeur et non pas uniquement pas « ouï-dire ».
Toujours est-il que pendant une retraite avec mon groupe, c’était le soir et on n’avait plus des activités mais je voulais aller prier devant le Saint Sacrement parce que j’avais une pensée qui tournait dans ma tête et je voulais la déposer devant le Seigneur. Au fond, ma question était : Seigneur, qu’est-ce que tu veux de moi ? Rien de particulier ne s’était passé à ce moment là mais, par contre, le lendemain on parlait de la nouvelle évangélisation et du besoin des prêtres pour cette tâche. Je dois quand même préciser que le groupe auquel j'appartiens est constitué d'hommes et de femmes de tous les âges et pas uniquement des futurs prêtres. En tout cas, j’ai pris ça comme une réponse, je sentais que Dieu m’appelait à participer de cette mission. Et c’est comme ça que l’aventure de ma vocation a commencé toujours avec des hauts et des bas mais la vie est comme ça, il ne faut pas se décourager pour autant : Dieu ne nous abandonne jamais malgré les apparences.
En l’année 2000, j’ai participé à une Journée Mondiale de la Jeunesse en Israël avec le Pape Jean-Paul II et, pendant ce pèlerinage, je sentais que Dieu me confirmait dans cet appel : au fond, à être uni à lui de manière particulière pour faire connaître aux hommes Son amour. Ca peut sembler des paroles toutes faites mais pour moi, concrètement, ça voulait dire porter le témoignage de ce que Dieu a fait dans ma vie là où l’Eglise m’envoie pour aider d’autres personnes qui, peut-être, viennent de rencontre Dieu.
Une fois que j’ai fini le lycée, j’ai été envoyé au séminaire à Namur et ce n’est pas moi qui ai choisi, mais je l’ai accepté. Et là aussi ça été une aventure : j’ai dû quitter chez moi, ma famille, mes amis, apprendre la langue, m’habituer au climat qui n’a rien à voir avec le climat du Paraguay. J’ai eu des moments des doutes où je voulais tout quitter et me dire que cela ne servait à rien et que j’ai été en train de perdre mon temps, gaspiller ma jeunesse, etc. Et une chose qui m’a aidé c’est ce que disait Saint Ignace de Loyola : « En temps de crises, il ne faut jamais prendre une décision ». Et c’est ce que j’ai essayé de faire : continuer à prier malgré que des fois je n’avais pas envie, attendre que les choses se calment pour voir plus clair. Et je dois dire que Dieu n’a pas tardé à me répondre à travers une expérience par exemple lorsque j’ai été à Lourdes auprès des malades, ou bien à travers la rencontre des personnes qui m’ont témoigné de leur foi.
Bref, ça fait bientôt dix ans que je suis ici en Belgique, j’ai été ordonné diacre le 26 janvier et si Dieu le veut, avec deux autres jeunes, on sera ordonné prêtre le 30 juin prochain. Je dois dire avec le recul du temps que je ne regrette pas d’avoir suivi le Seigneur : les difficultés, les crises ne sont pas à comparer avec les moments des joies que donne le Seigneur. Je suis conscient que je vais commencer une nouvelle étape maintenant et qu’il me reste encore à vivre (si Dieu me l’accorde) d’autres expériences. Je sais que je suis faible et que je suis capable d’envoyer tout balader mais j’ai la certitude que Dieu m’appelle pour rendre présent son Amour à tous les hommes à travers moi et malgré moi. C’est pourquoi je me confie à vos prières et demande au Seigneur qu’il me donne de ne jamais être séparé de Lui.
Il ne me reste qu’à vous encourager à suivre le Seigneur : Courage ! N’ayons pas peur de suivre le Seigneur ! (comme disait Jean-Paul II et je me mets dedans). Je ne sais pas à quoi de spécifique vous appelle le Seigneur mais je suis sûr que rien que par notre baptême, le Seigneur nous appelle tous à être chrétiens. Et donc COURAGE ! C’est vrai qu’à l’heure actuelle, ce n’est pas facile et il semble qu’on va contre courant avec la mentalité du monde mais quand Dieu appelle, Il donne aussi des grâces particulières pour Le suivre et n’ayons pas peur car comme dit Jésus dans l’évangile de saint Jean : « J’ai bel et bien vaincu le monde ! » (Jn 16,33).
En union de prière, la paix !
Santiago