Le jeûne : bon pour le corps, bon pour la foi

Les jeunes et le jeûne se connaissent sans doute très mal ! Pourtant, ils pourraient être très familiers vu la culture du corps qui les baignent au quotidien. Mais souvent leur conception de la foi est très intellectuelle et désincarnée. Et l’habitude de ces dernières années de remplacer le jeûne par des formes d’abstinence « de substitution » (télévision, divertissement…) n’a pas aidé les jeunes à vivre
ce lien étroit entre corporalité et spiritualité. Quel beau projet de leur faire goûter, durant ce Carême, ce cadeau du jeûne proposé par le Christ et l’Église puisque "le jeûne fait entrer toute la dimension corporelle dans la vie spirituelle". "La foi n’est pas que pure connaissance intellectuelle. La communion avec Dieu, pour autant qu’elle soit authentique, est une expérience globale qui touche tout notre être.
"Le jeûne est (…) un exercice, qui s’oppose à la « cérébralisation » de la vie spirituelle et appelle la foi à être aussi corporelle." "La dimension de la nourriture est centrale pour l’homme, parce qu’elle revêt une fonction symbolique, pas seulement purement physiologique – on ne mange pas uniquement pour nourrir ses forces physiques. La nourriture appartient au registre du « désir ».
Le jeûne implique alors la modération de l’appétit physiologique. Le jeûne est une ascèse du besoin et une éducation du désir, un apprentissage de la relation à l’autre. Lorsque l’enfant apprend à différencier sa mère du lait qu’elle lui donne, il passe du pur besoin de s’alimenter à la perception du désir d’une présence. De même, par le jeûne, le chrétien apprend à distinguer le pain qu’il mange du Seigneur qui le lui donne chaque jour, et qui le nourrit par ailleurs aussi du pain de sa Parole. L’exercice du jeûne nous fait prendre conscience du fait que « l’homme ne vit pas de pain seulement », mais de sa relation avec le Seigneur vivant qui lui donne toute bonne chose. Le jeûne fait triompher la communion au détriment de la consommation : il conteste l’avidité et fait s’instaurer une attitude d’altérité, non seulement à l’égard de la nourriture, mais aussi dans le rapport aux autres et avec Dieu."
Par le jeûne, "le croyant exprime aussi son abandon total et confiant en Dieu, sa dépendance à l’égard de Lui." Mais, afin qu’il ne devienne pas une simple prouesse spirituelle, il faut veiller à ne pas le déconnecter de la charité, de l’aumône.
Voilà qui présage un carême riche et intense à tous ceux qui se laisseront rejoindre par cette invitation au jeûne.
Inspiré par « Lettres à un ami » : "Exerce-toi au jeûne" de Enzo Bianchi (hors série 64 ; Panorama)
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