Parabole moderne de l'Arbre
L'arbre est généreux et à l'image de l'homme tourné vers les autres, il rend beaucoup de services :
- il fait de l'ombre à ceux qui s'y abritent,
- il donne gratuitement ses fruits à ceux qui en apprécient la saveur,
- il tend ses branches pour fournir asile aux oiseaux,
- il se fait "poumon vert" quand il renouvelle l'oxygène de notre environnement,
- il se fait peintre au printemps en nous proposant sa verdure et ses fleurs, et en automne en variant sa palette de couleurs
Et quand on l'abat, quand il meurt, il continue, suprême abnégation, à vivre dans les meubles de l'ébéniste et dans les charpentes des menuisiers.
L'arbre est le symbole de notre foi. Pour monter vers le ciel, pour chercher la lumière, tout en déployant ses branches, il a besoin de racines profondes. S'il est pin, peu enraciné, il sera balayé, à la moindre tempête, par un vent violent, mais s'il est chêne, profondément ancré dans le sol, il tiendra longtemps.
Notre foi doit s'enraciner dans l'histoire sainte, puiser sa sève dans la Parole de Dieu, dans les évangiles.
L'arbre nous renvoie aussi à notre mission d'éducateur. Les arbres pour grandir ont besoin d'un terrain fertile, d'engrais, d'émondage et de soins appropriés. Les jeunes sont semblables à de nouvelles pousses ; eux aussi pour grandir et se fortifier attendent beaucoup des adultes.
On se plaint aujourd'hui du manque de repères, on annonce la fin des idéologies, on décrit notre époque comme celle de l'éphémère, mais l'arbre est là pour nous rappeler la vraie réalité : plus il plonge ses racines dans le sol, plus il peut grandir et développer ses branches, sans crainte des vents et des tempêtes. Ainsi tout homme sage s'inspire des leçons du passé pour construire l'avenir.
L'arbre a aussi une dimension biblique, il nous renvoie aux récits de la création, au début de la Bible, dans le livre de la Genèse. Au centre du jardin d'Eden, nous trouvons et l'arbre de vie et l'arbre de la connaissance du bien et du mal. On peut interpréter cette évocation de cette façon : les deux arbres ne pourraient n'en faire qu'un seul mais regardé sous deux angles différents : si nous choisissons de suivre le plan de Dieu, nous faisons grandir la vie; si nous choisissons le chemin du mal, comme Adam et Ève, nous sommes responsables de notre propre enfer.
Nous découvrons ainsi que dans toute chose, il y a toujours un coté clair et un coté sombre et que l'être humain est invité, s'il veut vivre en harmonie avec ses semblables et avec la nature environnante, à respecter des interdits.
Julos Beaucarne, poète et chanteur belge, grand amateur d'arbres devant l'éternel, disait, dans un beau témoignage, écrit après l'assassinat de sa femme :
"Le monde est triste comme une boutique.
Les cœurs purs doivent se mettre ensemble ;
Pour l'embellir, il faut reboiser l'âme humaine.
Je resterai un jardinier. Je cultiverai mes plantes de langage"
Jean-Marie Delcourt (22/08/13)