Les JMJ au Brésil : la joie de vivre !
Un des souvenirs inoubliables de ces JMJ de Rio est notre arrivée à Campo Limpo, après des heures et des heures d’avion, un long trajet en car, tous nous n’aspirions qu’à manger et dormir…et quand nous sommes arrivés à l’église Sainte (la paroisse qui nous accueillait dans le diocèse de Campo Limpo) c’est autre chose qui nous attendait…Beaucoup de jeunes étaient présents et quand ils nous ont vus, quelques-uns ont commencé à jouer de la guitare, d’autres se sont installés au micro, ils ont mis la musique et ils nous ont entraînés à danser !!! Notre fatigue s’est envolée comme par enchantement. Nous avons dansé plus d’une heure trente! Nous ne parlions pas la même langue (les brésiliens qui parlent d’autres langues que le portugais sont rarissimes pour ne pas dire introuvables…et dans le groupe de Liège, personne ne parlait bien le portugais !) mais nous avons communié dans la joie. Après un tel accueil, nous avons senti qu’avec l’édition 2013 des Journées Mondiales de la Jeunesse nous allions passer de surprises en surprises et que nous risquions d’être retournés et bousculés dans nos petites habitudes.
Effectivement, tout le programme des JMJ nous réservait des surprises positives et agréables à vivre. Que ce soit la vie en famille, (pendant la semaine missionnaire, tous les jeunes liégeois étaient accueillis en famille), les célébrations en paroisses d’accueil et à la cathédrale, les « après-midi missionnaires » (les brésiliens nous ont invité à aller partager notre joie de croire dans les rues et les maisons, en chantant, en échangeant avec les habitants et en bénissant les enfants et toutes les personnes qui en avaient besoin) ; pas moyen de s’ennuyer ! Que de la joie de donner et de recevoir.
Nous étions 38 jeunes de Liège à aller aux JMJ et tout notre programme était préparé avec EUREGIO. Nous avons vécu la semaine missionnaire (du 15 au 22/07) dans le diocèse de Campo Limpo et les journées officielles (du 22 au 28/07), dans la paroisse São Sebastian à Rio avec plus 230 jeunes de l’archidiocèse du Luxembourg. Pendant les journées officielles, le groupe (plus de 70 jeunes) du diocèse de Trèves (Allemagne) est venu se joindre à nous. A la fin des JMJ, nous étions plus de 350 jeunes de l’EUREGIO. Pendant les journées officielles, les jeunes logeaient dans les dortoirs des écoles…
Tous, je dis bien tous, nous sommes marqués à jamais par l’Eglise du Brésil ; son accueil chaleureux, sa joie de vivre et de témoigner, sa jeunesse, ses combats, sa générosité, sa pastorale… et l’expérience des JMJ en général.
C’est vrai que l’Eglise du Brésil a des problèmes ; beaucoup de personnes vivent dans la pauvreté et celle-ci touche surtout les plus faibles : les jeunes et les personnes âgées. A cause de la pauvreté et des multiples inégalités ; beaucoup de jeunes tombent dans la drogue, la délinquance,... sans oublier le SIDA. A tous ces problèmes ajoutons aussi le phénomène des sectes… Mais cette même Eglise ne veut pas être réduite à ces problèmes ou y rester enfermée. La quasi totalité du programme de « La semaine missionnaire » était organisée par les jeunes impliqués en pastorale. Ces jeunes nous disaient : « Nous sommes conscients de tous ces problèmes, mais nous vivons quelque chose de plus beau, le Christ ! C’est pour cela que nous allons vers les personnes qui sont dans le besoin pour leurs partager notre enthousiasme, vivre l’entraide et la solidarité avec eux et surtout les inviter à ne pas se décourager parce que l’Eglise est jeune et la foi nous appelle à aller vers l’autre pour l’écouter et partager… » Ce message nous touchait dans la réalité de nos paroisses et nous posions des questions. Quand nous voyons les églises qui se vident, quand nous vivons l’indifférence et parfois les moqueries des personnes qui nous considèrent comme des déséquilibrés parce que nous croyons en Dieu, quand nous rencontrons nos propres problèmes liés à l’Eglise d’Occident, est-ce que nous ne baissons pas trop vite les bras ? Est-ce que nous ne quittons pas nos communautés sur la pointe des pieds en considérant l’Eglise comme une institution vieillotte qui n’a plus d’avenir ? Non, l’Eglise du Brésil nous l’a rappelé ; l’Eglise est jeune !
Cette jeunesse était perceptible tout au long des JMJ, après la semaine missionnaire, nous sommes allés à Rio pour les journées officielles. Rio, c’est quasi impossible à décrire, toutes les célébrations (accueil, chemin de croix, veillée de clôture avec 5.000.000 personnes et messe de clôture avec 3.500.000 personnes), toutes les rencontres, le Pape… respiraient la jeunesse et la joie. Les caprices du temps, d’autres petits couacs dans l’organisation (les pannes de métro, les terrains détrempés, les repas qu’on ne trouvait pas facilement ou quelques problèmes de communication, etc) ne nous ont pas empêchés de vivre à fond cet événement planétaire.
Le point d’orgue fut la dernière veillée et la célébration de clôture sur la plage mythique de Copacabana avec le Pape François ; la première chose qui étonne est son contact avec les personnes. Au grand dam de ses services de sécurité, la plupart du temps il s’est arrêté, est même descendu de voiture pour saluer et embrasser les jeunes ou boire dans des noix de coco que certains lui proposaient… La deuxième chose est son message ; il s’adresse aux jeunes de manière directe, plusieurs fois il leur a demandé de répondre à ses questions dans leur cœur ; « A quel personnage t’identifies-tu ? A Pilate, au Cyrénéen, à Marie ? Chers jeunes, Jésus vous regarde et vous demande si vous voulez l’aider à porter sa croix : que répondez-vous ? » demandait le Pape François pendant le chemin de Croix de Copacabana. Samedi lors de la veillée il nous disait ; « Demande-toi : « Est-ce que je prie ? Est-ce que je parle avec Jésus ? » Et nous encourageait : « N’aie jamais peur de lui parler, même si tu tombes.»
Faisant allusion au « Campus Fidei », le champ que nous devions occuper pour le WE de clôture mais qui était inondé, il nous a dit « Nous sommes tous le champs de la foi. Ce champ n’est pas un lieu géographique. Un champ où peut germer la parole de Dieu, comme dans la parabole du semeur. Un champ d’entraînement pour la vie éternelle, grâce à la prière, les sacrements et la solidarité. Un champ, enfin, où construire l’Eglise. »
A jamais, nous sommes marqués par les JMJ de Rio. Pour nous, il ne faut pas attendre celles de Cracovie pour vivre quelque chose d’aussi fort. Nous sommes convaincus que notre Eglise est jeune, nous voulons partager cette joie avec d’autres personnes dans nos paroisses et nos lieux de vie. Comme nous l’avons vu au Brésil, le Christ au centre, notre vie chrétienne retrouve tout son sens et en communion avec tous les membres de nos communautés, nous pouvons vivre ce que nous sommes, des enfants de Dieu, dans la simplicité et dans la joie.
Le pape nous a envoyé avec ces paroles : « L’Evangile est pour tous et non pour quelques-uns, il n’est pas seulement pour ceux qui semblent plus proche, plus réceptifs, plus accueillants. Il est pour tout le monde. N’ayez pas peur d’aller et d’apporter le Christ en tout milieu jusqu’aux périphéries existentielles, également à celui qui semble plus loin, plus indifférent. Le Seigneur est à la recherche de tous, il veut que tous sentent la chaleur de sa miséricorde et de son amour. » Que chacun se sente concerné par ces paroles de joie.
Abbé Eric Ndeze